INEMO

Le projet en détail

Nous connaissons aujourd’hui l’importance du contrôle cognitif dans de nombreuses sphères. Nous pouvons citer l’étude colossale de Moffitt et al. (2011) qui montrent qu’un faible contrôle cognitif dans l‘enfance mène à une plus grande probabilité de problèmes financiers (car difficultés de gestion), addictions, plus faible niveau d’études, plus de problèmes de santé, etc 32 ans plus tard !
au Canada, Adèle Diamond montre depuis de nombreuses années que travailler le contrôle cognitif déjà en classes de maternelles amène à une plus grande réussite scolaire (2007).

Les compétences socio-émotionnelles sont toutes aussi importantes : ces compétences influencent les interactions sociales, qui à leur tour agissent sur l’adaptation sociale. Denham et al. (2003) démontrent qu’un enfant de 3-4 ans qui exprime des émotions positives, qui régule ses émotions et qui est capable de reconnaître et comprendre les émotions d’autrui, est un enfant qui 2 ans plus tard sera perçu comme ayant une bonne adaptation sociale. A l’inverse, un enfant qui est régulièrement fâché aura moins l’occasion d’avoir des ouvertures positives pour une relation avec des pairs, et plus probablement répondra hostilement.

Résultats des recherches de A. Volckaert & M. Houssa dans le cadre du projet H2M :

2012-2014 : étude au sein d’une population tout-venant au sein d’écoles de la Fédération Wallonie-Bruxelles
2015 : étude au sein d’une population clinique dans les locaux de l’UCL (Louvain-La-Neuve) ⇒ Résultats : Bénéfices cognitifs, émotionnels et comportementaux (voir les travaux de Volckaert & Noël 2015, 2016 et Houssa & Nader-Grosbois 2016a, 2016b)
2018 : Démarrage du projet INEMO KIDSCHOOL : implantation de notre programme combiné au sein des écoles belges

Pourquoi maintenant ?

1. Car le Pacte d’excellence est en phase de décollage, et qu’intégrer le projet INEMO KIDSCHOOL permettrait de répondre à certaines difficultés observées. Ex : éviter le redoublement : en permettant d’améliorer les capacités attentionnelles et en apprenant aux enfants à gérer leur impulsivité/colère/comportement général, cela leur permet d’optimiser leurs résultats scolaires et d’éviter de facto un éventuel redoublement. En améliorant les compétences émotionnelles, les enfants auront de meilleures compétences sociales, ce qui a une influence positive sur la réussite scolaire et l’insertion sociale. INEMO KIDSCHOOL s’inscrit donc dans la lignée du Pacte d’excellence, comme un processus de qualité pour l’avenir. Le Pacte d’excellence propose « avant tout de remettre la pédagogie au centre du processus et déployer l’autonomie et l’innovation pédagogique des acteurs ». Tel est également l’objectif du projet « INEMO KIDSCHOOL ».
2. Intervenir dans les écoles afin d’améliorer la gestion des émotions et les difficultés d’apprentissage telles que l’inattention ou l’agitation permettrait de répondre à divers objectifs du Pacte d’excellence tels que : « le renfort massif pour l’enseignement maternel, de nouvelles propositions pour favoriser la réussite et élever le niveau des élèves, des rythmes scolaires dans l’intérêt de l’élève » (source : http://www.pactedexcellence.be/quelles-sont-les-principales-mesures-et-initiatives-du-pacte/) mais également permettre de former les enseignants à cette gestion et permettre aux équipes de directions d’être dotées de plus d’outils.

Pourquoi en prévention?

1. Car nous savons que les diagnostics de type TDAH ne se font pas avant l’âge de 6 ans (DSM-V) mais que les difficultés sont souvent présentes bien avant cet âge (difficultés liées à l’inattention, l’agitation, les colères, etc). Les difficultés comportementales constituent la plainte la plus récurrente chez les parents d’enfants d’âge préscolaire (Owens & Shaw, 2003).
2. Car les troubles du comportement sont présents chez 25 à 40% des enfants d’âge préscolaire, dont 7 à 15% à des degrés modérés à sévères. Les troubles du comportement engendrent souvent des difficultés dans les relations familiales, sociales ainsi que dans les apprentissages scolaires (Campbell, Shaw & Gilliom, 2000; Roskam, Noël & Schelstraete, 2011).
3. Car les parents sont souvent démunis mais les enseignants également (un enfant dit «difficile» peut entraver de façon majeure le bon déroulement de la journée en classe, et de ce fait les apprentissages au sein de toute une classe). De plus, notons le burn-out des enseignants des classes maternelles et primaires de plus en plus fréquent.
4. Car les maternelles et les premières années primaires coulent les bases d’une scolarité sereine et c’est donc dès ce moment qu’il est important d’agir, avant que les difficultés n’apparaissent chez certains enfants.

Pourquoi au sein des écoles ?

1. Car les parents n’ont pas toujours conscience des difficultés de l’enfant
2. Car les parents, même s’ils prennent conscience des difficultés, n’ont pas toujours la possibilité d’assumer une prise en charge : d’une part il y a parfois plusieurs enfants au sein de la famille et une prise en charge est chronophage, d’autre part ces prises en charge sont coûteuses en temps mais également sur le plan financier. Rappelons que, même si de plus en plus de mutuelles octroient un remboursement pour des séances chez le (neuro)psychologue, ce montant est faible et uniquement pour un faible nombre de séances (or ces suivis sont souvent longs). Travailler au sein des classes permet donc de pallier à ces difficultés. Cela permet dès lors d’avoir une Ecole plus efficace, plus équitable.
3. Si nous démontrons que travailler les fonctions cognitives et les émotions sur le long terme, au sein des écoles, permet d’augmenter les performances scolaires (entre autres, car cela pourrait également avoir un impact, grâce à un cercle vertueux, sur le comportement des enseignants envers les élèves également : moins de comportements difficiles ==> moins de burn-out des enseignants ==> enseignants plus efficaces avec un meilleur sentiment de compétence ==> plus de réceptivité et d’implication des élèves ==> moins de comportements difficiles), il pourrait être intéressant d’envisager l’intégration de ce type de stimulation au sein même du programme scolaire par des professionnels ou en formant les enseignants.

Et concrètement ?

Nous nous déplaçons nous-mêmes dans les écoles et cela est dispensé lors des heures de cours. Cela favorise donc l'engagement des enfants lors des activités (et les parents ne sont pas sollicités puisque cela est souvent un obstacle dans les prises en charge qui sont non seulement coûteuses de manière financière mais également en temps). De plus, dans nos recherches antérieures nous avons porté une attention toute particulière au côté ludique afin "d'accrocher" les enfants au mieux. Il faut noter que nous n'avons pas eu un seul abandon de la part des 365 enfants suivis lors des recherches que nous avons menées depuis 2011 et dont le contenu et le rythme des séances de l'intervention étaient comparables au projet INEMO KIDSCHOOL.

Les élèves et enseignants concernés recevront l'intervention au sein de leur classe, à raison d'une fois par semaine pendant 50min, sur 20 semaines. Il s'agit d'un entrainement des compétences socio-émotionnelles et des capacités d'auto-contrôle du comportement, de manière ludique, adressé au groupe classe. Cette séance sera intégrée au programme en accord avec les directions et les enseignants.

Avant de démarrer les sessions dans les écoles, les enfants seront testés individuellement afin d’évaluer le niveau dans plusieurs domaines avant l’intervention. Ces mêmes variables seront évaluées auprès de l’enfant mais aussi auprès des parents et des enseignants (sous forme de questionnaires). Il s'agit d'évaluer les fonctions cognitives, les compétences sociales et émotionnelles et la régulation émotionnelle, le comportement et l'adaptation sociale, les performances scolaires, et enfin le bien-être de l’enseignant.

Après que les 20 séances auront été administrées au groupe classe, les enfants seront à nouveau invités à prendre part à une série de tests sous forme de jeux. Cela nous permettra de pouvoir mesurer l’impact de l’intervention en comparant ces données avec celles prises avant l’intervention. De plus, ces données seront comparées avec celles du groupe contrôle qui n’aura pas reçu l’intervention. A la fin de l’année, l’enseignant recevra une valise avec le matériel utilisé, et sera désormais capable d’utiliser ces outils de manière autonome. Un manuel à l’usage des enseignants des écoles participantes sera également créé afin qu’ils puissent intégrer nos interventions dans leur programme scolaire dès la rentrée scolaire suivante. Un suivi des enseignants sera également prévu sur le plus long terme.